[RP] La Piscine

Administrateur Messages : 796 Date d'inscription : 08/07/2011

La Piscine

Messages : 467 Date d'inscription : 07/11/2011

11 avril 1953 :

Très peu de monde autour de la piscine en cette matinée. Les gens préféraient venir au plus fort de la journée en plein après-midi. Eric se choisit un coin tranquille, étala sa serviette, posa ses quelques affaires dont un livre policier " Fais pas ta rosière " de Raymond Chandler dans lequel il pouvait suivre les aventures de son modèle, Philip Marmowe, détective comme lui.
Il alla plonger dans la belle eau bleue, fit quelques longueurs, un peu d'exercice lui ferait du bien, salua poliment les autres baigneurs sans engager de réelles conversations, puis revint vers ses affaires pour s'étaler au soleil et lire son livre.
La journée serait magnifique, pas un nuage ne traînait dans l'azur du ciel. Son travail sur le Memphis était au point mort, nul incident à regretter, pas de bagarre d'ivrognes, aucune indélicatesse déclarée, le calme plat, les passagers comme le personnel étaient on ne peu plus parfaits. Eric était ici tous frais payés, il se sentait plus invité qu'employé de la Compagnie Moore, mais il savait que ça ne durerait qu'un temps.
En attendant il en profitait. Se retournant sur sa serviette pour offrir son ventre au soleil égyptien, il ne put s'empêcher de lancer tout haut :
Elle est pas belle la vie ?

Médecin Messages : 228 Date d'inscription : 11/11/2015

11 avril 1953, au matin

Marsa Alam, l'escale tant attendue par les passagers. Et par moi aussi, tout compte fait. Ces derniers temps, la croisière avait, pour moi, un goût amer. La rupture plus ou moins nette avec Claire, le départ de Kimberley... Ces motifs personnels, ajoutés au décès du jeune Abou et à la perte de l'enfant de ma patronne, ne me donnaient plus l'envie de sourire. En fait, j'avais juste envie de plier bagages, de retourner dans mon Québec natal pour retrouver la fraîcheur du climat.
A un moment donné, j'avais tout. Puis, en un claquement de doigts... Plus rien. Tout s'était évaporé en si peu de temps. Comment... Et pourquoi ?! Autant dire que j'avais franchement le moral à zéro.
Alors, même si par mon métier je devais continuer à fréquenter les passagers, je me faisais un plaisir de pouvoir, à mon aise, écumer les bars de la ville lors de mes temps libres. Et oui, mon penchant pour la boisson était revenu. Il était vraiment dit qu'il ne me laisserait jamais tranquille!

Toujours était il que, ce matin là, à l'heure où tous prenaient possession de leurs cabines, je ne prenais même pas la peine de faire le tour du propriétaire. J'en aurais bien le temps, tôt ou tard, non ? Avec les petits bobos qui ne tarderaient pas à faire leurs apparitions, j'étais certain d'être appelés et de courir de long en large dans les couloirs.
Alors, là, de suite, j'étais décidé à m'allonger un peu dans un transat, tant que mon esprit n'était pas embrumé par des soucis ou des vapeurs éthyliques. Sauf que... A mon arrivée, je n'étais pas seul à avoir eu cette idée.
Et merde!

- Bonjour Monsieur Delaroche! Dis je alors spontanément pour ne pas passer pour un malpoli ni pour le dernier des crétins. Mais, malgré tout, je prenais soin de ne pas m'installer à côté de lui, ni trop près, pour ne pas être obligé de lui faire la causette.
Mon petit doigt me disait de me méfier même si je n'en connaissais pas la raison exacte.

Messages : 467 Date d'inscription : 07/11/2011

Au plus fort des aventures de Marlowe, Eric qui grillait tranquillement au soleil fut salué par le docteur Anderson qui, serviette à la main se dirigeait vers les transats. Eric préférait sa surface égale du sol au pseudo confort des transats mal foutus dont il ressortait toujours avec un mal de reins :
Bien le bonjour Docteur ! répondit-il avec une geste de la main.
Le toubib continua son chemin et Eric rajouta :
Belle journée, n'est-ce pas ?

Pas très causant le docteur qui s'était toujours montré taciturne et mélancolique comme poursuivi par des fantômes à moins que ce ne soit l'ennui. Eric lut encore quelques pages puis retourna se baigner. La matinée avait bien avancé, il avait faim désormais et une envie de voir du monde. Les bords de la Mer Rouge étaient magnifiques, Marsa Alam une ville pas très importante mais qui voyait sa population prendre de l'ampleur au moment où la belle saison battait son plein. Un bon déjeuner s'imposait mais quoi de plus triste que de manger seul.
Il retourna dans sa suite, se doucha, se changea et alla voir si Louise était debout.

Médecin Messages : 228 Date d'inscription : 11/11/2015

Une bonne heure plus tard, solitaire sous ce soleil commençant à me réchauffer un peu trop fort de ses rayons, j'emportais ma serviette et repartais vers les cabines.
Depuis que j'avais pris des distances avec Claire, ma vie me semblait si monotone! Je luttais, intérieurement, pour ne pas replonger dans l'alcool mais... Sa seule présence à mes côtés aurait elle suffi ? Aurait elle empêché mes vieux démons de rejaillir ?
Je ne savais pas, je ne savais plus... Toute cette croisière n'avait plus vraiment de sens pour moi.
La seule chose que je savais, finalement, c'était que j'étais là pour bosser. M'étais je à ce point fait des illusions ?

Bon Dieu! La neige et le froid venait à me manquer de plus en plus!
Un coup d'oeil aux alentours avant de repartir... J'étais seul. Le détective était parti et personne d'autre à l'horizon.
Finalement, un brin de causette ne m'aurait pas dérangé!

Haussant les épaules, je partais donc, espérant trouver un peu de motivation. Mais comment ?

Messages : 81 Date d'inscription : 27/04/2016

Râteau en mains, brouette avec lui, Mansour rassemblait les feuilles mortes autour de la piscine comme maman poule rassemble ses petits le soir pour les emmener au lit !
Coiffé d'une casquette à la visière large comme une terrasse de balcon et aux couleurs de l'hôtel Jaz Dar El Madina, Mansour profitait de sa position pour enregistrer mentalement les allées et venues des passagers du Memphis. Il ne savait si ils passeraient à l'action, on attendait la décision du chef, mais lui avait commencé son travail de renseignements. Il avait réussi à se faire embaucher comme jardinier, le précédent ayant eu un curieux accident de bicyclette deux jours plus tôt dans les rues de Marsa.
Son but : voir qui était qui, repérer les plus fortunés d'entre eux, lier connaissance avec quelques uns et acquérir un maximum de détails sans éveiller la méfiance. Mansour excellait dans ce travail, c'est pourquoi on l'avait choisi lui.

Dans la piscine, des clients s'ébattaient insouciants de la misère du monde, ignorants que leur fortune sans cesse augmentait sans qu'ils aient à bouger le petit doigt aux détriments des pays pauvres de la planète et du peuple dont Mansour et ses amis étaient issus. Et ces jeunes femmes, jolies certes, mais qui s'exhibaient vêtues de trois fois rien, excitant la gente masculine était intolérable à Mansour ! Il était vraiment temps de mettre un terme à la mauvaise influence occidentale sur l'Egypte de toujours ! Ce tourisme à outrance avec des gens non informées des us et coutumes des pays qu'ils visitaient était un véritable scandale.

» [RP] Piscine de l'Hôtel